Cannabis au volant
La sécurité routière avant tout.
Connaissez-vous bien le cannabis et le THC?
«Conduire après avoir fumé ou ingéré du cannabis, c’est comme conduire sans vos réflexes, votre jugement, votre concentration et sans savoir à quelle distance se trouve la voiture devant vous».
Nicolas Tétreault, PhD, biochimiste clinique et membre de l’Ordre des chimistes du Québec – partenaire de la Fondation CAA-Québec.
Le cannabis comestible est traître, mais à quel point?
Pour le savoir, CAA-Québec s’est entretenu avec le Dr Nicolas Tétreault, biochimiste clinique, membre de l’ordre des chimistes du Québec – partenaire de la Fondation CAA-Québec.
Le texte qui suit se veut un résumé de ses réponses à nos questions.
Le cannabis ingéré est probablement la façon de consommer la plus insidieuse, puisque les doses sont difficiles à contrôler. Le temps d’action plus long que le cannabis inhalé (jusqu’à 2 heures comparativement à quelques minutes) est aussi un problème pouvant induire le consommateur en erreur quant à ses effets. Ce dernier pourrait être tenté d’en ingérer davantage ou, pire, prendre le volant se croyant apte à conduire.
On comprend rapidement le danger si les effets font leur apparition alors que le consommateur conduit, pouvant provoquer la somnolence, la confusion et l’anxiété, en plus de réduire son temps de réaction, indispensable au volant!
Par ailleurs, le Code de la sécurité routière est très clair: c’est tolérance zéro en matière de drogue au volant, et ce, pour tous les types de conducteurs (apprentis ou conducteurs aguerris). En cas d’infraction, c’est la suspension du permis de conduire sur-le-champ pour 90 jours. Vous avez mangé un produit avec du cannabis? Ne conduisez pas!
La lenteur à ressentir les premiers effets n’est pas la différence entre le cannabis inhalé et ingéré comme en témoigne ce tableau:
Mode de consommation | Débuts des effets | Pic des effets | Longueur des effets |
Inhalé | Quelques secondes à quelques minutes | 30 minutes | 2h à 4h et parfois plus |
Ingéré | 30min à 2 heures | 2h à 4h | Jusqu'à 12h |
Évidemment, ces paramètres dépendent de la quantité et de la concentration consommées, mais aussi du métabolisme et de l’état de la personne.
Peut-on «faire passer» le cannabis plus rapidement?
Non. Seul le métabolisme de votre corps peut effectuer ce travail. La patience est de mise. Si vous consommez, renoncez à vous déplacer ou recourez à un conducteur désigné.
Apprenez-en davantage sur le cannabis comestible
Le cannabis comestible en quelques mots
Le cannabis comestible se présente sous différentes formes: gâteaux, biscuits, bonbons, capsules, boissons… ces aliments qu’on appelle «edibles» en anglais sont populaires, mais comportent des risques pour ceux qui les engloutissent. D’ailleurs, même si la vente et la production de cannabis comestible sont légales au Canada depuis décembre 2019, le Québec a choisi de ne vendre que quelques produits dans ses succursales de la SQDC.
Que consomme-t-on exactement?
Les comestibles de cannabis peuvent être produits de différentes façons. Leur concentration en THC dépendra de la partie du plant de cannabis qui sera utilisé dans sa confection (feuille, tige, fleur, etc.) et de sa quantité. Il est particulièrement important de connaître la concentration de THC dans l’aliment consommé. Le cannabis ingéré et pris en trop grande quantité peut réserver des surprises désagréables pour l’utilisateur, particulièrement s’il n’est pas un consommateur fréquent.
Que se passe-t-il dans le corps quand on prend du cannabis?
Le Dr Nicolas Tétreault l’explique bien: «Quand le cannabis est inhalé (fumé) le THC se retrouve très rapidement dans le sang, via les poumons et peut provoquer différents effets rapidement: sensation d’euphorie, de détente et de bien-être, mais aussi la confusion, la somnolence, la réduction de certaines capacités (concentration, réaction) et même l’anxiété».
Le scientifique précise que les effets seront potentiellement les mêmes dans le cas du cannabis ingéré, mais ce sera plus long, le temps que le THC passe par le système digestif, incluant le foie (où la molécule de THC sera métabolisée/transformée), avant de pouvoir se rendre dans le sang et produire ses effets.
Si la concentration en THC du produit n’est pas bien indiquée après avoir été dosée selon un processus rigoureux, le comestible en question peut contenir une quantité de THC bien plus importante que ce que le consommateur estime et causer des effets plus forts qu’anticipés.
Les produits du cannabis d’aujourd’hui sont de 5 à 10 fois plus forts que ceux consommés dans les années 60 et même plus!
Le raffinement des méthodes de culture et le croisement de plants ont grandement modifié la concentration moyenne de THC, dont pour le haschich.
Conduire gelé, c’pas mieux que conduire paqueté
25% des conducteurs qui ont pris de la drogue dans la dernière année ont affirmé avoir conduit un véhicule après avoir consommé.
Source: SAAQ
VRAI OU FAUX? La police peut savoir si un conducteur a consommé.
Vrai. Au Canada, les policiers peuvent intercepter un véhicule pour vérifier l’état du conducteur. Les appareils de contrôle et les experts en reconnaissance de drogues peuvent alors déceler des facultés affaiblies.
Consommer du cannabis et de l’alcool multiplie les risques pour la conduite par rapport à la consommation d’une seule des deux substances.
VRAI OU FAUX? Le cannabis n’a pas d’effet sur la conduite
Faux. L’effet du cannabis diminue vos facultés à conduire de façon sécuritaire et augmente le risque d’accident.
VRAI OU FAUX? Les effets du cannabis peuvent durer plus longtemps s’il est ingéré plutôt que fumé.
Vrai. Les effets du cannabis comestible peuvent durer jusqu’à douze heures! La prudence est de mise et les petites quantités privilégiées, surtout pour les nouveaux consommateurs.
Moins pire que l'alcool? Ce n’est pas un concours! Le cannabis diminue la capacité de conduire et augmente les risques d’être impliqué dans un accident, c’est un fait prouvé par la science.
Cannabis et conduite: tout devient plus dangereux!
- Coordination: plus floue
- Temps de réaction: plus long
- Concentration: plus ardue
- Décisions: plus difficiles
- Évaluation des distances: plus confuse
Source: Gouvernement du Canada
Le cannabis et les voyages: ce qu'il faut savoir
- Il est interdit à tout voyageur, canadien ou étranger, de traverser les frontières internationales, avec du cannabis, peu importe la forme ou la quantité, et ça s’applique aussi à la marijuana médicale.
- Le pot est illégal dans un grand nombre de pays. Les voyageurs s’exposent à un refus d’entrée, à une amende, voire à une arrestation s’il en ont en leur possession à la frontière.
- Le cannabis est légal dans 10 États américains, mais comme il demeure illégal en vertu des lois fédérales, il n’est pas permis d’entrer aux États-Unis avec cette substance.
- Les voyageurs canadiens qui n’ont pas de cannabis avec eux et qui n’ont jamais commis d’infraction liée aux drogues n’ont pas à s’inquiéter, même s’ils ont utilisé leur carte de crédit à la Société québécoise du cannabis (SQDC).
- Il est permis de voyager au Canada avec du pot, peu importe le moyen de transport, mais il faut d’abord se renseigner sur les lois et règlements en vigueur dans les différentes provinces canadiennes.
- Assurance voyage : les règles n’ont pas changé. Les assureurs de couvrir une condition ou une blessure provoquée par la drogue ou l’alcool. Par ailleurs, si un voyageur se trouve en difficulté à cause de l’usage ou de la possession de cannabis, son assureur pourrait refuser de l’indemniser.
Pour plus de renseignements, consultez la page Le cannabis et les voyages à l’étranger sur le site Web d’Affaires mondiales Canada.
Ce qu’on a dit sur le cannabis
- Université de Montréal: Résumé de l’étude sur la conduite après usage de cannabis chez les jeunes conducteurs
- Centre universitaire de santé McGill: Cannabis use and driving-related performance in young recreational users: a within-subject randomized clinical trial
De 2011 à 2015, 30% des conducteurs de 16 à 24 ans décédés dans un accident de la route au Québec avaient du cannabis dans le sang.