Regard sur le budget provincial 2022-2023: Un budget mi-figue mi-raisin pour les automobilistes
De prime abord, le budget provincial 2022-2023 contient de bonnes nouvelles pour les automobilistes, soit la prolongation du programme Roulez vert et l’injection de sommes supplémentaires pour maintenir le réseau routier en bon état. Toutefois, celles-ci comportent des éléments qui laissent CAA-Québec perplexe.
Programme Roulez vert[1]: le moment est-il bien choisi?
Bien que le gouvernement prévoie le financement de ce programme jusqu’en 2026-2027, il annonce du même coup que le rabais maximal octroyé pour l’acquisition d’un véhicule entièrement électrique et d’un hybride rechargeable est revu à la baisse.
En effet, à partir du 1er juillet 2022, le rabais maximal à l’achat d’un véhicule entièrement électrique neuf passera de 8000$ à 7000$, celui à l’achat d’un véhicule hybride rechargeable neuf, de 8000$ à 5000$ et enfin, celui d’un véhicule entièrement électrique d’occasion de 4000$ à 3500$.
Pour le gouvernement, cet ajustement à la baisse reflète la réduction de l’écart de prix entre les véhicules électriques et les modèles à combustion interne comparables sur le marché. Mais, est-ce vraiment le cas? Selon la Corporation des concessionnaires d’automobiles du Québec, cet équilibre ne se produira pas avant quelques années.
CAA-Québec croit que le moment est mal choisi pour réduire le montant des remises puisque le faible approvisionnement en véhicules électriques risque de nuire à la baisse des prix attendue. Certains consommateurs pourraient déjà retarder leur décision de passer à l’électrique en raison de la longue attente et du faible pouvoir de négociation actuel. Pour CAA-Québec, la réduction du rabais gouvernemental pourrait renforcer ce phénomène.
Par surcroît, le gouvernement mentionne que les précisions sur les paramètres des rabais offerts à l’acquisition de véhicules électriques, après 2023, seront dévoilées ultérieurement. Pour l’instant, il est donc impossible de savoir ce que le gouvernement a dans ses cartons à ce sujet. Il est toutefois permis de croire que ces rabais pourraient à nouveau être réduits après la présente année financière.
Ceux qui veulent en savoir plus sur les véhicules électriques peuvent consulter les conseils de CAA-Québec sur le sujet.
Le mauvais état du réseau routier coûte cher
Même si le gouvernement prévoit investir 30,7 G$ dans le réseau routier, selon le Plan québécois des infrastructures (PQI) 2022-2032, et que 76 % de ces investissements seront consacrés au maintien, au remplacement et à la prise en charge du déficit de maintien d’actifs, c’est la hauteur de ce dernier qui étonne, soit 19,4 G$. Pour bien comprendre, il faut savoir que le déficit de maintien d’actifs est ce qu’il en coûte pour remettre en état le réseau routier et il résulte d’un sous-investissement dans le maintien des infrastructures routières. Donc, malgré les sommes prévues, les infrastructures routières du Québec, qui constituent l’épine dorsale de l’économie, continueront de souffrir de ce sous-financement.
Aussi, selon le PQI 2022-2032, seulement 56 % du réseau routier est en bon état. Il importe de savoir que le réseau routier provincial comprend :
- 31091 kilomètres de chaussées;
- 5495 structures;
- 4264 ponts du réseau municipal dont le ministère des Transports est responsable;
- 62035 ponceaux.
Pour CAA-Québec, il est important de rappeler qu’en plus de leurs importantes contributions financières en ce qui concerne les taxes routières, les automobilistes québécois doivent aussi payer une facture supplémentaire liée à l’entretien et aux bris de leurs véhicules causés par l’état des routes. Selon l’étude[2] de l’Association canadienne des automobilistes (CAA) publiée au printemps 2021, ce mauvais état des routes coûte 1,4G$ par année aux automobilistes québécois, soit un coût annuel moyen additionnel de 258$ par véhicule.
Bref, le mauvais état général du réseau routier de la province coûtera encore très cher aux automobilistes, et ce, pour un bon nombre d’années à venir.
Le message de CAA-Québec aux décideurs publics demeure le même depuis bon nombre d’années : lors de la construction d’une nouvelle infrastructure routière, il est essentiel de prendre en considération les coûts d’un entretien régulier. Attendre que celle-ci soit devenue trop âgée pour l’entretenir ne fait qu’imposer un fardeau financier supplémentaire sans aucune valeur ajoutée. En fin de compte, faut-il le rappeler, ce sont encore et toujours les mêmes contribuables qui paient, et plus on attend pour agir, plus le coût de la mise à niveau sera élevé. À bon entendeur...
[1] Ce programme permet d’octroyer des rabais pour l’acquisition de plusieurs types de véhicules électriques, mais également pour l’achat et l’installation de bornes de recharge à domicile, au travail et dans les bâtiments à logements multiples.