Conduire un véhicule électrique l’hiver

«L’hiver, nous disons souvent aux électromobilistes que l’autonomie du véhicule électrique doit être le double des besoins quotidiens de déplacement», résume Martin Archambault, porte-parole de l’Association des véhicules électriques du Québec (AVEQ). En d’autres mots, si vous parcourez en moyenne 65 kilomètres par jour (ce qui est le cas de plus des deux tiers de Canadiens, selon les statistiques officielles), alors une autonomie totale de 130 kilomètres est une valeur sûre.

Ça ne signifie pas que la batterie de traction d’une voiture électrique soit automatiquement 50% moins performante lorsqu’il fait froid. Par très grand froid, l’autonomie affichée au départ pourrait être écourtée de 40 à 50 pour cent, mais elle devrait repartir à la hausse à mesure que le chauffe-batterie s’activera. Par temps froid, l’AVEQ suggère donc de préchauffer la voiture de 20 à 30 minutes avant de partir. Suffit de la brancher à la borne de recharge. Nul besoin de la démarrer. 

«Maintenant que les nouvelles voitures électriques proposent 250 kilomètres d’autonomie par charge ou plus, disons que ce n’est plus vraiment un problème. En fait, l’hiver, une voiture électrique démarre même mieux qu’une voiture à essence!», s’exclame M. Archambault.

Comme une voiture à essence dotée d’un chauffe-bloc, les voitures électriques branchées quand il fait froid (sous les -20 degrés) se porteront mieux, une fois le matin venu. Et ça permet en outre de préchauffer l’habitacle afin qu’il soit tout chaud au moment de prendre la route, un luxe qu’on ne peut pas se permettre avec une auto à essence sans polluer ou risquer d’endommager la mécanique à long terme. Sur certains véhicules électriques, on peut même programmer un minuteur pour le chauffage!

Les consommateurs qui songent à acheter un véhicule électrique d’occasion, affichant une moins grande autonomie au départ, devront tout de même considérer ces baisses dans leurs calculs de besoins d’autonomie.

«Qu’il soit entièrement électrique ou hybride rechargeable, chaque modèle électrique réagit différemment aux conditions météo. Dans le cas des VE, on s’en doute, la température idéale se situe entre 15 et 25 degrés. Plus chaud ou plus froid et les résultats pourraient différer de ceux promis par le constructeur », précise Jesse Caron, analyste automobile chez CAA-Québec.

Dans le cas d’une Nissan Leaf, par exemple, l’AVEQ calcule que l’autonomie moyenne baisse d’environ 25% s’il fait -15 degrés, et d’environ 45% à partir de -25 degrés, une proportion qui vaut pour les autres modèles comparables actuellement sur le marché.

Les proportions sont à peu près les mêmes pour les véhicules hybrides rechargeables, mais comme leur autonomie exclusivement électrique est plus courte, et que l’apport du moteur thermique n’est pas toujours contrôlable, ça peut entraîner une hausse de la consommation de carburant qui se fera remarquer une fois à la pompe. Dans le cas d’une Chevrolet Volt, la firme spécialisée FleetCarma calcule à partir des données provenant de 4043 déplacements que l’autonomie électrique moyenne chute de moitié quand le mercure passe de 15 degrés Celsius, la température idéale pour ce modèle, à -5 degrés Celsius.

L’hiver, il est plus sage d’étirer l’autonomie du groupe électrique en adoptant une conduite un peu plus conservatrice (par exemple, en accélérant moins rapidement), et de garder la voiture branchée quand elle demeure inutilisée pour une longue période (par exemple, quand on va dans le Sud durant la période des Fêtes). Consultez votre manuel du propriétaire à ce sujet, car les stratégies proposées par les constructeurs peuvent varier.